LE MÉDIA PIONNIER ENGAGÉ POUR LA VISIBILITÉ DES FEMMES DE 50 ANS ET PLUS

Dans un entretien accordé à Brut, Brigitte Macron a affirmé être « désolée si (elle a) blessé les femmes victimes » de violences sexistes et sexuelles, après avoir qualifié de « sales connes » des militantes féministes du collectif #NousToutes. Sans remettre en cause ses propos ni son soutien au comédien Ary Abittan, accusé de viol en 2021 dans une affaire conclue par un non-lieu, elle met surtout en cause la diffusion d’un échange qu’elle présente comme privé.

Dans l’interview publiée par le média Brut, Brigitte Macron s’exprime après la diffusion d’une vidéo la montrant traiter de « sales connes » des militantes féministes. « Je suis désolée si j’ai blessé les femmes victimes. » énonce-t-elle dans une phrase au conditionnel, comme s’il fallait vérifier ce fait. Les militantes directement visées par l’insulte ne sont pas nommément destinataires de cette parole. La femme du Président affirme par ailleurs, « Je ne regrette pas ce que j’ai dit. » Ce qu’elle met en cause, en revanche, c’est la diffusion de l’échange. Elle insiste à plusieurs reprises sur le caractère « privé » de la conversation, regrettant d’avoir été filmée à son insu. Le cadre intime est présenté comme une circonstance explicative qui autoriserait un propos tenu « sans filtre ».

« Je n’aurais jamais dit ça publiquement », précise-t-elle. La ligne de défense est claire, le problème ne serait pas la nature de l’insulte, mais le fait qu’elle ait été rendue publique. Le registre familier et violent est ainsi justifié par la sphère dans laquelle il s’inscrit. Brigitte Macron ajoute également : « À l’époque, je n’avais pas les mots. » Une justification qui appelle une mise en perspective : l’« époque » évoquée renvoie à quelques jours seulement. Cette absence de mots est revendiquée par une ancienne professeure de français, au moment même où elle défend l’idée d’une parole spontanée, non maîtrisée.

« Il avait peur »

La posture amicale de défense d’un « ami » qui avait peur achève de renverser le système accusatoire contre les victimes elles-mêmes, une stratégie éprouvée par les agresseurs. Cette construction a suscité de vives réactions. Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise, écrit :« Elle justifie donc d’avoir insulté des féministes pour rassurer un homme accusé de violences sexuelles ? C’est exactement le renversement accusatoire que subissent tant de victimes. ». Aucune excuse directe pour les « sales connes » du collectif #NousToutes, engagé dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

À la suite de cette prise de parole, 343 femmes et plusieurs associations féministes ont déposé une plainte collective pour injure publique, estimant que les propos tenus, maintenus malgré les excuses affichées, relevaient d’une infraction pénale.

Sophie Dancourt

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