LE MÉDIA PIONNIER ENGAGÉ POUR LA VISIBILITÉ DES FEMMES DE 50 ANS ET PLUS

L’actrice britannique s’inquiète de la banalisation des injections et des interventions chez des femmes toujours plus jeunes. À plus de 50 ans, elle défend une beauté qui n’a rien à voir avec l’immobilité des traits.

Dans un entretien accordé au quotidien britannique The Times, Kate Winslet observe depuis longtemps l’évolution des normes esthétiques. Interrogée sur la banalisation de la chirurgie esthétique, elle dit voir se multiplier des comportements qui, selon elle, auraient été impensables il y a encore dix ans. « C’est terrifiant », confie-t-elle. L’actrice s’alarme notamment de la rapidité avec laquelle ces pratiques se sont installées dans le quotidien, jusque chez des jeunes femmes “à peine sorties de l’adolescence”, pour qui les injections deviennent une étape presque inévitable.

L’héroïne et productrice de Lee Miller ne critique pas la liberté individuelle. Ce qui la trouble, c’est le climat d’injonction. « Si l’estime de soi dépend autant de l’apparence, c’est effrayant », dit-elle. Elle estime que cette obsession du contrôle du visage révèle une anxiété collective autour du vieillissement féminin. Une peur qui pousse à vouloir empêcher tout signe de maturité, comme si les transformations naturelles du temps étaient devenues une faute.

« Certaines des plus belles femmes que je connais ont plus de 70 ans »

Kate Winslet ne cherche pas à arrondir les angles. Car il est impossible de minimiser ce qui se joue. Elle parle même de « f—ing chaos » pour décrire le climat actuel. Le mot est abrupt, mais il raconte tout un univers saturé de filtres, d’images lissées, de visages retouchés jusqu’à devenir méconnaissables, où la norme esthétique n’a plus rien de réel. À ce paysage sous silicone digital, la comédienne oppose une idée simple et presque subversive, un visage existe parce qu’il vit. « Certaines des plus belles femmes que je connais ont plus de 70 ans », confie-t-elle. Un pied de nez au jeunisme, une manière de rappeler que la beauté n’a jamais été une question d’âge, mais de présence.

La quinquagénaire, qui sera à l’affiche de Goodbye June le 24 décembre, estime qu’ un visage marqué raconte une histoire, des choix, des années, parfois des épreuves, souvent une forme de liberté. À rebours de la culture du lissage permanent, elle revendique les rides, les plis, les expressions qui débordent du cadre. Elle juge « effrayant » le fait que tant de femmes aient fini par croire que leur valeur dépendait de l’effacement de ces traces. Elle pointe aussi l’évidence, une pression répartie de façon inéquitable, un double standard du vieillissement profondément ancré qu’elle refuse désormais de cautionner.


Sophie Dancourt

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