Le 14 février, la Saint-Valentin met en scène une vision normée du couple, souvent excluante. Face à cette injonction au romantisme, des initiatives féministes la détournent ou la contestent, dénonçant ses stéréotypes et proposant d’autres manières de célébrer les relations. Voici six façons de repenser cette journée.
- One Billion Rising » : danser pour dénoncer les violences patriarcales
Lancé en 2012 par l’autrice et activiste américaine Eve Ensler, ce mouvement tire son nom d’une statistique alarmante : une femme sur trois dans le monde sera victime de violences au cours de sa vie, soit environ un milliard de femmes. Pour dénoncer ces violences, One Billion Rising invite les femmes à se réunir et à danser dans l’espace public. Chaque année, des manifestations artistiques et chorégraphiques sont organisées dans des centaines de villes, de Manille à Paris en passant par New York. En dansant ensemble, les participantes reprennent possession de leur corps et rendent visibles des violences souvent passées sous silence.
- Collages féministes : les murs prennent la parole contre la Saint-Valentin
« L’amour ne tue pas, les féminicides si. » « Pas de roses, pas de coups. » « La Saint-Valentin, fête des illusions. » Ces slogans, affichés en lettres noires sur des murs de Paris, Lyon ou Bruxelles, dénoncent les violences sexistes et l’injonction au couple romantique. Chaque année autour du 14 février, des militantes féministes investissent l’espace public à travers des collages engagés, transformant la ville en support de contestation. Derrière les campagnes publicitaires et l’imagerie du grand amour, elles rappellent une réalité plus sombre : en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint.
- « Sans Valentin » et « St-Galentines » : l’amitié remplace le romantisme
Face à l’injonction au couple, certaines préfèrent célébrer l’amitié. Initié en 2010 par un épisode de la série Parks and Recreation, Galentine’s Day (jeu de mots entre « Valentine » et « Gal », soit copine en anglais), est d’abord devenu une tradition aux États-Unis avant de s’exporter. En France, le concept de Sans Valentin suit la même idée : détourner la Saint-Valentin pour en faire un moment de partage entre amies, autour de dîners, d’ateliers ou de rencontres sans injonction romantique. Loin du marketing du couple idéal, ces initiatives rappellent que l’amour ne se limite pas à la sphère romantique. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #SelfLoveDay et #GalentinesDay gagnent du terrain.
- « Pink Chaddi Campaign » : la Saint-Valentin devient un acte de résistance
En 2009, en Inde, des militantes féministes détournent la Saint-Valentin pour dénoncer le contrôle du corps des femmes. Le groupe ultraconservateur Sri Ram Sena mène alors des attaques contre des femmes fréquentant des bars, accusées de se comporter de manière trop « occidentalisée ». Face à cette violence, le collectif féministe The Consortium of Pub-Going, Loose and Forward Women lance la Pink Chaddi Campaign (campagne des culottes roses). Des milliers de sous-vêtements roses sont envoyés aux bureaux de Sri Ram Sena en guise de protestation contre leur discours moraliste et répressif. L’initiative, largement relayée sur Facebook, devient un phénomène viral et dépasse rapidement le cadre indien.
- Une Saint-Valentin féministe : les livres et les films remplacent les chocolats
Et si, plutôt que d’offrir des bijoux ou des roses, on offrait une prise de conscience ? C’est l’idée du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, qui propose une alternative critique à la Saint-Valentin en mettant en avant des livres, podcasts et films féministes. Plutôt que de renforcer l’idée que le bonheur passe par la quête du prince charmant, cette initiative invite à explorer des œuvres qui déconstruisent le mythe de l’amour romantique et de la dépendance affective.