RACISME : ELLES FONT BARRAGE À LA HAINE

journée contre le racisme
collage ©j’ai piscine avec SImone

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, « J’ai piscine avec Simone » met en lumière six femmes qui ont fait du combat contre le racisme un moteur de leur engagement.

Instaurée par l’ONU en 1966, cette journée commémore le massacre de Sharpeville, en Afrique du Sud, où 69 manifestant·es pacifiques ont été tué·es le 21 mars 1960 alors qu’ils protestaient contre les lois racistes de l’apartheid. Plus de soixante ans plus tard, les mécanismes de la haine restent d’actualité. Face à eux, des voix se lèvent — lucides, créatives, courageuses. En voici six.

Rokhaya Diallo (46 ans)
Journaliste, essayiste, réalisatrice et éditorialiste afro-féministe et décolonialiste, Rokhaya Diallo est l’une des figures les plus percutantes du féminisme intersectionnel en France. Depuis plus de vingt ans, elle déconstruit les angles morts du débat public, notamment en ce qui concerne la parole des femmes racisées. Dans son dernier ouvrage, Dictionnaire amoureux du féminisme (Plon, 2025), elle revisite les grandes figures du féminisme tout en y apportant sa voix singulière, mêlant mémoire personnelle et analyse politique.

Lúcia Xavier (66 ans)
Fondatrice de l’ONG Criola, Lúcia Xavier est l’une des militantes les plus influentes du Brésil sur les questions de justice raciale et de droits des femmes noires. Issue des mouvements communautaires, elle porte une approche globale : santé, éducation, spiritualité, défense des droits fondamentaux. Son engagement s’inscrit dans une histoire longue de luttes afro-brésiliennes, souvent invisibilisées, qu’elle contribue à documenter et amplifier. En pleine montée des violences racistes dans le pays, elle agit comme une figure de repère et de résistance.

Irmela Mensah-Schramm (78 ans)
À Berlin, on l’appelle parfois « la vieille dame au grattoir ». Depuis 1986, Irmela Mensah-Schramm efface inlassablement les inscriptions racistes, antisémites ou homophobes dans l’espace public allemand. Ancienne enseignante, elle documente soigneusement son action : plus de 90 000 autocollants et graffitis supprimés, conservés dans des classeurs, photographiés, parfois exposés. Deux livres — Hass vernichtet et Von Liebe keine Spur — retracent son parcours militant. Elle mène un combat discret mais obstiné, au ras du trottoir. Pour elle, l’antiracisme commence à la bombe de dissolvant.

Anielle Franco (40 ans)
Ministre de l’Égalité raciale au sein du gouvernement Lula depuis 2023, Anielle Franco est entrée en politique après l’assassinat de sa sœur, Marielle Franco, militante noire, féministe et LGBTQI+. Depuis, elle fait vivre cette mémoire par l’action. Son livre Cartas para Marielle (2020) mêle lettres, réflexions et appels à la justice. Aujourd’hui, elle œuvre à rendre visibles les violences systémiques au Brésil et à promouvoir une politique réparatrice. Son influence dépasse les frontières : Time Magazine l’a classée en 2023 parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde.

Marguerite Abouet (54 ans)
Avec sa bande dessinée Aya de Yopougon, devenue un classique, Marguerite Abouet, franco-ivoirienne, a ouvert une fenêtre sur l’Afrique moderne, joyeuse et féminine. Loin des clichés misérabilistes, ses héroïnes ont de l’humour, de l’audace et de l’ambition. En racontant le quotidien d’Aya, jeune Ivoirienne des années 70, elle fait œuvre politique. Son art est une manière d’agir sur les imaginaires, en donnant à voir des figures de femmes noires puissantes, loin des caricatures. Elle a aussi signé Akissi, une série jeunesse à succès. Marguerite Abouet résiste par la fiction.

Aminata Touré (32 ans)
Née en Allemagne de parents maliens réfugiés, Aminata Touré est devenue à 25 ans députée du Schleswig-Holstein, puis, à 30 ans, ministre de l’Égalité, de l’Intégration et des Affaires sociales. Première femme noire à accéder à ces fonctions dans le pays, elle incarne une génération politique engagée contre le racisme et pour la représentation. Dans son livre Wir können mehr sein (2021), elle raconte son parcours et défend un projet de société plus inclusif. Elle dit les obstacles, les attentes, les préjugés — et refuse de se taire.

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