AVEC ISABELLE THOMAS LE VÊTEMENT DEVIENT UNE THÉRAPIE DE BIEN ÊTRE

Isabelle Thomas
Isabelle Thomas ©DR

Isabelle Thomas plonge dans le vestiaire des hommes et des femmes pour en extirper leur « mode personnelle ». Un accompagnement qu’elle n’apparente pas au relooking, mot qu’elle déteste. La styliste propose un autre mantra « Ne ressemblez qu’à vous même ».

La mode n’est pas l’adn d’Isabelle Thomas même si son passé de journaliste dans la presse féminine (Biba, Glamour, l’Express Style…) la mène à explorer le vêtement sous le prisme de l’intime et de la psychologie. Au prémice de l’avènement de la blogosphère, elle lance « mode personnelle ». Un blog qui parle de style et d’image de soi. Sa rencontre avec un coach de hauts dirigeant set de politiques infléchit sa carrière. S’intéresser au vêtement touche à l’intime, à la part de soi que l’on adresse aux autres. Un subtil équilibre dont l’autrice et psycho praticienne est devenue orfèvre.

Qu’est-ce qui manquait à ces femmes et hommes de pouvoir dans leur approche personnelle du style ?


Pour beaucoup, le vêtement n’était pas important. Les politiques me disaient : vous n’avez pas besoin de me rhabiller, je fais de la politique depuis 25 ans, vous n’allez pas me relooker. Mais ce n’était pas l’objectif. L’idée est donner d’eux une image positive. J’ai rencontré des femmes qui s’habillaient encore comme si elles étaient étudiantes ou stagiaires. Elles stagnaient dans leurs postes alors que c’était des femmes brillantes. D’autres s’habillaient de façon triste ou austère car elles ne voulaient pas être cataloguée de narcissiques. Le vêtement est toujours une question d’équilibre entre sa personnalité et ce que l’on en montre.

L’exemple de la robe fleurie de Cécile Dufllot montre bien que cet équilibre est fragile ?

On peut ajouter aussi le costume Muggler porté par Jack Lang. La crtique arrive très vite s’ils se démarquent trop dans leur style.

Vous vous défendez de faire du relooking

Au travers de mes livres et de mon blog j’ai touché de plus en plus de personnes. Je cultivais ce mantra qui est « ne ressembler qu’à vous-même » loin des injonctions liées au relooking. J’ai toujours détesté ce mot qui correspond à des codes vieillots, figés. Car on donne les mêmes recettes pour tout le monde. Quand on regarde ces émissions de relooking, tout le monde se ressemble. Cela s’apparente à du déguisement.

Quelle est la démarche des femmes qui vous consultent ?

Cela peut être une femme qui ne s’est jamais intéressée aux vêtements, mais qui se rend compte que l’apparence est important parce que cela lui porte préjudice dans son boulot et dans sa vie personnelle. Elle ne sait pas par où commencer. D’autres ont toujours porté la même chose, elles ne veulent plus s’habiller comme leurs filles et ne veulent pas ressembler à leur mère. Il y a plein de questionnements différents. Avec l’âge il y a une prise de conscience qui est plus importante, car le corps change et les vêtements qui allaient bien avant ne tombent plus de la même façon.

Comment travaillez vous avec une femme de plus de 45 ans ?

Il y a une dimension thérapeutique dans mon travail pour laquelle j’ai été formé, sur l’image de soi, la peur du regard des autres. Je révise tout dans la penderie, je regarde les vêtements qui ne vont plus et j’explique à chaque fois pourquoi. C’est toujours pédagogique, je ne peux pas dire non, ça on jette. C’est important pour que les gens soient autonomes après. Je veux vraiment éduquer sur les matières, les couleurs, les coupes, je fais du shopping dans la penderie. J’apprends aux femmes à avoir une penderie plus durable. À tout porter mais de façon différente. je refais d’autres associations avec les vêtements existants et cela donne vraiment un autre style.

C’est une façon d’envisager la mode sous un angle plus durable ?

Mon but est que tout soit utile, au lieu de porter les 20 % de la penderie toujours de la même façon. Éventuellement il y a un shopping pour acheter ce qu’il manque. Il y a une adéquation à faire pour les femmes qui changent de métier, de poste ou de position hiérarchique. Il y a vraiment un désir d’être dans le durable, d’acheter les pièces qui ne se démodent pas. La notion d’éthique est importante.

Est ce que nous avons toutes une image faussée de notre corps ?

Tout le monde se regarde avec des lunettes déformante car on s’apprécie au travers du regard des autres, de ce qu’on imagine de leur regard. On l’interprète beaucoup.

Est ce que vous êtes adeptes des fameuses pièces basiques ?

Je n’aime pas trop parler de basiques parce que ce sont des recettes. C’est difficile d’Imposer une petite veste noire parce que que c’est une couleur difficile à porter. De même les chemisiers ne vont pas à tout le monde. iI faut s’approprier ses propres basiques, cela peut être une veste à carreaux. Je me souviens d’une femme qui avait des vêtements plein de couleurs, il a fallu imaginer ces fameux basique pour que l’ensemble fasse moins « carnaval ».

Il y a une dimension très intime dans ce travail ?

Le vêtement c’est vraiment le rapport à soi .C’est ce qu’on montre de soi aux autres. c’est une démarche très intime qui nécessite de la délicatesse aux antipodes des émissions de relooking où les candidates sont jugées avec un grand manque de respect. Nous avons tous une histoire avec nos vêtements et c’est intéressant de la connaitre.

Est-ce que le vêtement est un marqueur de notre état mental ?

Cela peut se traduire par l’achat compulsif c’est à dire l’achat « pansement » qui console sur le moment mais qui ne résout rien. Ça peut être aussi une façon de se cacher dans des vêtements informes. Mais ce qui est certain, c’est que le vêtement peut guérir. Pour moi c’est un outil thérapeutique. Quand on se sent bien dans un vêtement qui nous ressemble, aligné avec notre personnalité on se voit différemment dans le regard des autres ou dans son miroir. Avec le télétravail on voit bien que c’est compliqué de vivre en jogging. Le vêtement doit nous porter et nous réconforter tout à la fois.

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