MARYLÈNE MOURLEVAT : « LE CAPITAL HUMAIN EST AU CŒUR DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE »

Marylène Mourlevat

Marylène Mourlevat est l’instigatrice des 2èmes rencontres du capital humain de la Fonction Publique Territoriale qui se dérouleront les 18 et 19 juin. Au travers de la plateforme Ideal Co qu’elle anime, l’ex entrepreneure dans la communication dévoile une image méconnue et innovante d’une Fonction Publique trop souvent caricaturée. Interview.

Comment passe-t-on de l’entrepreneuriat à la Fonction Publique Territoriale ?

Mon parcours d’études m’a amenée dans les agences de communication où j’ai été attachée de presse salariée et puis à l’âge de 31 ans j’ai monté ma boîte de com. Je me suis formée en coaching et j’ai aussi obtenu un brevet d’aptitude en psycho socio somato thérapeute. La place du corps au travail me passionnait tout particulièrement. J’ai développé ces activités au sein de mon agence mais au au bout de 14 ans je suis revenue au salariat. J’ai rencontré Ideal C, plateforme collaborative de la sphère publique, qui reliait toutes mes aspirations, animation de conférences et formation.

Que saviez-vous de la Fonction Publique ?

Je n’y connaissais rien et j’ai découvert un monde passionnant, des gens qui n’étaient pas dans la course aux profits, j’ai découvert ce que signifiait être au service des citoyens et d’avoir le sens du service public.

Au sein d’Ideal Co comment avez vous développé le pôle Capital humain qui est l’objet des rencontres de Blois cette année ?

J’ai développé les communautés management et développement personnel ce qui m’a permis de constituer le pôle capital humain autour de l’humain au travail. J’ai initié des serious games avec des intervenants qui avait des références très forte en gamification. J’ai privilégié la carte de l’animation et de la participation, un pôle à 360° autour de l’humain au travail jusqu’à en venir à créer l’événement les rencontres nationales du capital humain. Une suite logique.

Le rôle des collectivités doit être mieux connu ?

Le problème c’est qu’on ne regarde pas la fonction publique territoriale. On ne la connaît pas vraiment et c’est assez paradoxal parce que c’est elle qui est le plus en proximité avec les citoyens. Elle nous accompagne dans les grandes dates de nos vies : notre mariage, la déclaration nos enfants à l’État civil, le renouvellement de notre carte d’identité, notre déménagement, même nos galères de travail. Si on a bien compris que la Fonction Publique Hospitalière s’occupe de notre santé, les compétences de la Fonction Publique Territoriale restent beaucoup plus floues.

Est-ce que des sujets comme la souffrance au travail ou la question du sens au travail se posent de la même manière que dans le privé ?

La Fonction Publique Territoriale peut souffrir aujourd’hui d’une recherche de sens, d’une perte de projet collaboratif, d’une lourdeur de hiérarchie qui empêchent encore certains projets d’avancer comme les agents le souhaiteraient. Mais pour autant elle est en train de se transformer et innove énormément. Les collectivités se mettent au diapason des entreprises privées voir même des start-ups où on voit naître des métiers qu’on ne connaissait pas il y a 10 ans. Auparavant, il n’y avait que des conseillers en organisation dans les collectivités, aujourd’hui y a des facilitateur en management, des coachs internes, il y a énormément de mode projet.

Vous soulignez dans ce sens que L’Etat est l’un des principaux employeurs en France

Oui on oublie souvent de dire que l’État est un employeur, la Fonction Publique Territoriale a aujourd’hui des problèmes de métiers en tension, de difficultés de recrutement et je trouve qu’elle est assez souple et assez intelligente pour se mettre au diapason de ce que les jeunes désirent. Par exemple ce sont des organisations qui écoutent assez bien le droit à la déconnexion, l’équilibre vie pro-vie perso, l’intelligence collective en mode projet collaboratif. Le problème c’est que ça ne se sait pas assez à l’extérieur mais moi je vois tous les jours de très beaux projets innovants, audacieux, très porteurs.

Au travers de cet évènement c’est important que les acteurs de la Fonction Publique rendent compte de leur expertise ?

Les rencontres du capital humain sont nécessaires pour que les gens puisse se parler, et s’inspirer pour dupliquer de très bonnes pratiques. De plus Ideal Co met en lumière l’audace avec Les trophées des héros territoriaux en mettant à l’honneur des agents qui osent changer le visage de la Fonction Publique avec des projets inspirants et collaboratifs. Nous remettrons 15 prix comme l’année dernière au CESE le 5 décembre à Paris.

Il y a toujours autant de bashing sur les fonctionnaires ?

Les clichés persistent. Tous les professionnels RH de la Fonction publique Territoriale que j’ai pu rencontrés me disent tous la même chose, les gens ont peur de s’ennuyer en devenant fonctionnaires. Ils pensent qu’ils vont devoir faire tout valider dans un monde hyper politique sans aucune initiative possible mais c’est faux.

On ne regarde la Fonction Publique Territoriale que par le prisme de ses crises. On a jamais autant observé la Fonction Publique Hospitalière qu’au moment du Covid. Et ça crée des agents qui ont un manque de reconnaissance terrible, et une méconnaissance pour le grand public des compétences et du bassin d’emploi que ça peut être.

Et qui recrute une multitude de métiers ?

Aujourd’hui il y a des collectivités qui font des choses très audacieuses pour recruter, par exemple il y a des mairies qui recrutent sans CV. Il n’y a aucune start-up qui expérimente la semaine de quatre jours et je connais au moins six ou 7 collectivités qui ont déjà mis en place cette initiative. De même que celles qui expérimentent le droit à la déconnexion le soir et le week-end ou on mis en place des programmes pour des animaux au travail. Ces mesures ne sont pas suffisamment médiatisées.

Autre sujet qui nous intéresse au premier chef chez J’ai piscine avec SImone, quelle est la place des femmes au sein de la Fonction Publique Territoriale ?

Les femmes sont des opérationnelles, et les DG, DGS et les élus sont des hommes. Mais il y a cependant beaucoup de femmes manager. La mauvaise image de la Fonction Publique Territoriale est vraiment inscrite dans un univers presque IIIe République. C’est un monde entre hommes plutôt vieillissants et plutôt blancs. Mais le syndicat national des DG de France a maintenant une présidente. Il faut permettre aux femmes d’accéder aux postes, je pense que la Fonction Publique a encore du travail à ce niveau. Dans les hautes sphères de décision c’est un certain type de patriarcat à bousculer.

Quel sont les objectifs de cet évènement des rencontres du capital humain ?

J’aimerais que les agents qui sont venus repartent avec un énorme sourire et un sentiment de fierté parce qu’ils auront pu croiser de très fortes personnalités et s’inspirer pour dupliquer tout ce qui peut aller dans l’amélioration des conditions de travail, de meilleures relations manager-managés. Et c’est aussi cassé le distanciel pour s’apercevoir que cette communauté est hyper humaine.

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