Des violences secouent l’Irlande du Nord depuis fin mars, entre unionistes et républicains. À 50 ans, la Première ministre nord-irlandaise et dirigeante du parti unioniste DUP, Arlene Foster, est à l’origine d’une action en justice visant à dénoncer les effets du Brexit sur les liens entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.
Arlene Foster n’a jamais caché ses réticences concernant les négociations pour le Brexit. Il a toujours été hors de question pour la Première ministre nord-irlandaise et dirigeante du parti unioniste DUP de laisser une frontière se réinstaurer entre l’Irlande du Nord et le reste de la Grande-Bretagne. Or la solution mise en œuvre depuis l’entrée en vigueur du Brexit y ressemble beaucoup. Les autorités britanniques doivent désormais contrôler entre l’Irlande du Nord et l’île de Grande-Bretagne les marchandises transitant vers l’UE.
Mi-février, Arlene Foster a donc lancé au nom de son parti une action en justice pour dénoncer ce protocole. Selon elle, il remet en cause l’« Act of Union 1800 », le texte qui unifia le royaume d’Irlande à la Grande-Bretagne et prévoyait un commerce sans entraves dans tout le Royaume-Uni. Cette action a contribué à la résurgence de violences ces dernières semaines entre unionistes et républicains (partisans d’une réunification avec la République d’Irlande). Elles interviennent 23 ans après la signature de l’accord du Vendredi saint, qui avait mis fin au conflit nord-irlandais ayant fait plus de 3 500 morts.
Fortement marquée par le conflit nord-irlandais
À 50 ans, Arlene Foster – première femme à occuper le poste de Première ministre nord-irlandaise ainsi que celui de dirigeante du DUP – est fortement marquée par les 30 années du conflit nord-irlandais. Elle a grandi près de la frontière avec la République d’Irlande. Et son père, membre de la police royale, a été victime alors qu’elle avait huit ans d’une tentative d’assassinat de la part de l’IRA, l’organisation paramilitaire nationaliste. Elle-même a survécu à un attentat à l’âge de 16 ans, contre le bus scolaire dans lequel elle se trouvait.
Intransigeante face aux républicains et à ses valeurs conservatrices
Tout au long de sa carrière politique, Arlène Foster s’est démarquée pour son intransigeance. Elle a quitté le premier parti qu’elle avait rejoint, le Parti unioniste d’Ulster, lorsque celui-ci a accepté de partager le pouvoir avec le Sinn Fein, la branche politique de l’IRA, au moment de l’accord du Vendredi saint. Vingt ans plus tard, elle a toutefois accepté de partager le pouvoir avec ce parti pour être nommée à la tête de l’exécutif nord-irlandais, mais des désaccords ont rapidement conduit à faire voler en éclat le gouvernement.
C’est à la faveur de ce vide à la tête de l’exécutif nord-irlandais que le Parlement britannique, alors en charge de gérer l’exécutif, est parvenu à dépénaliser l’avortement et à autoriser le mariage entre couples de même sexe dans la région fin 2019, alors qu’Arlene Foster y est opposée. Revenue à la tête de l’exécutif depuis 2020, elle a toutefois continuer à démontrer son opposition en n’ordonnant aucune mesure concrète pour organiser les services d’avortement sur le territoire.