Sur une image diffusée sur Ie compte Instagram officiel de la Maison Blanche, Donald Trump, en prière au Bureau Ovale, est entouré de figures religieuses, célébrant la réouverture du « White House Faith Office ». A droite de cette scène : Paula White-Cain, sa conseillère spirituelle de longue date, désormais à la tête de ce bureau clé. Prédicatrice influente et figure controversée du christianisme conservateur, elle incarne l’alliance entre foi et politique dans l’Amérique de Trump.
Le 7 février 2025, jour du National Prayer Breakfast, un événement annuel à Washington D.C. réunissant des leaders politiques et religieux pour discuter de la foi et de la prière, une image forte a marqué la journée : Donald Trump, en prière au Bureau Ovale, entouré de figures religieuses imposant leurs mains sur lui. Ce cliché accompagne la signature d’un décret rétablissant le « White House Faith Office », un bureau fédéral visant à renforcer les liens entre le gouvernement et les organisations confessionnelles. Au cœur de cette scène solennelle se trouve Paula White-Cain, la pasteure évangélique de blanc vêtue, contrastant avec une assemblée aux costumes sombres.
Née en 1966 à Tupelo, dans le Mississippi, Paula White a connu une enfance difficile, marquée par le suicide de son père et des années de précarité. Convertie à l’âge de 18 ans, elle s’investit dans le mouvement évangélique et fonde en 1991 l’église Without Walls International Church en Floride, qui deviendra une méga-church influente. Son style dynamique et ses prédications télévisées lui attirent des millions de fidèles, notamment au sein du courant de la théologie de la prospérité, qui prône que la foi et les dons financiers à l’Église peuvent mener à la richesse matérielle.
La « conseillère spirituelle» de Trump
Au début des années 2000, Donald Trump découvre Paula White en regardant l’une de ses émissions télévisées. Impressionné par son charisme, il la contacte en 2002, initiant ainsi une relation spirituelle durable. White devient progressivement sa conseillère spirituelle, organisant des études bibliques privées pour Trump à Atlantic City et l’accompagnant lors d’événements clés de sa carrière politique. En 2016, elle joue un rôle crucial en mobilisant l’électorat évangélique en sa faveur. Selon le Christian Post, James Dobson, fondateur de Family Talks, a crédité White d’avoir conduit Trump à la foi chrétienne.
En 2019, la prédicatrice avait déjà été nommée conseillère spéciale pour l’Initiative Foi et Opportunité à la Maison-Blanche. Aujourd’hui, elle est désignée pour diriger le nouveau « White House Faith Office », une structure initialement créée sous l’administration de George W. Bush en 2001, renommée sous Barack Obama en 2009, puis mise en veille sous Joe Biden. Sous l’administration Reagan (1981-1989), bien que le président ait entretenu des relations étroites avec la droite religieuse et les évangéliques, aucun bureau formel dédié aux initiatives religieuses n’avait été établi. Cependant, son administration a soutenu des politiques favorables aux valeurs conservatrices, renforçant ainsi les liens entre le gouvernement et les organisations religieuses. Sous l’administration Obama (2009-2017), le bureau a été renommé en « Office of Faith-Based and Neighborhood Partnerships » et sa mission a été élargie pour inclure une collaboration avec des organisations laïques et religieuses afin de servir les communautés dans le besoin.
Controverses et critiques
Avec Paula White à sa tête, le « White House Faith Office » vise à promouvoir des politiques alignées sur les valeurs conservatrices, notamment la lutte contre l’avortement, le soutien aux écoles confessionnelles, la défense des droits des chrétiens aux États-Unis et à l’étranger, ainsi que l’opposition aux politiques progressistes sur les questions de genre et de liberté sexuelle.
Paula White-Cain vénérée par de nombreux chrétiens conservateurs, est également au centre de vives controverses. Adepte de la théologie de la prospérité, courant théologique chrétien évangélique qui affirme que la foi et les dons financiers à l’Église peuvent mener à la richesse matérielle et à la santé physique. Elle soutient que l’aisance financière des croyants est un signe de santé spirituelle, tandis que la pauvreté est perçue comme une malédiction ou une punition divine. Elle n’est pas hésité à qualifier le mouvement Black Lives Matter d' »anti-Christ », provoquant de fortes réactions. Enfin, sa proximité avec le pouvoir politique soulève des inquiétudes concernant la séparation entre l’Église et l’État, une érosion du principe constitutionnel de la laïcité.